Né en 1991 à Rennes, Alexis Audren vit à Paris, enseigne les lettres modernes. Il a entamé une thèse sur l’œuvre de Bernard Noël avant de décider de se consacrer plus entièrement à l’écriture. En janvier 2023, il prend la direction de la revue « L’Étrangère », revue de création et d’essai associée à la maison d’édition La Lettre Volée. Il a publié dans quelques revues, poèmes et critiques (La Barque dans l’Arbre, La Vie Manifeste, Animal, Sitaudis, margelles, Un rectangle quelconque, Astérisque, etc.) et collaboré avec de nombreux peintres, plasticien.e.s et photographes sous la forme de « livres pauvres », de livres d’artistes ou de plaquettes d’exposition.
Livres parus : La phrase, cet élastique, Cahiers [appareil], Bruno Guattari Éditeur, 2020. Parmi le paysage, (avec Philippe Agostini), Æncrages & Co, 2021. Bigarrures, Bariolages, éditions Æncrages & Co, (avec Philippe Cognée), mai 2023.
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Disséminations, d’Alexis Audren, réunit de courts poèmes en prose réalisés « avec » et « pour » des artistes plasticiens.
À l’origine, en effet, ces écrits ont accompagné peintures, collages, photographies de « livres pauvres » ou de plaquettes d’expositions. Quoique les travaux soient de nature différente, l’ouvrage rend ici compte d’une évidente continuité d’écriture. Or, si le titre témoigne du geste initial d’une dispersion assumée, il semble bien qu’en choisissant de regrouper ces fragments, on se rapproche au plus près du sens du terme recueil.
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Extraits de Disséminations
On regarde des morceaux de soi, œil pincé, partir avec les jours, comme on repousse sa charogne entre le pouce et l’index, un organe au bout du plomb, hameçon déjà fiché dans l’aorte. C’est une pêche en eau peu profonde ; l’appât se laisse traîner, déjà mort. Mâchoire fermée, on tente de contenir le dedans, tous les noms au loin : le vain est si vite écarté.
(du bout de l’œil)
Il y a un fauteuil à bascule scopique. Une extension du do- maine de la pensée, de la parole. On construit sa mécanique des fluides, sa vie présente, en ouvrier du verbe. Par petites touches réminiscentes, un vague souvenir de lecture, d’une chose vue, d’un assemblage de couleurs, se tisse un réseau protéinique-phrastique empêchant la fonte, la liquidation précoce ; dans les volutes, les nappes, les boucles des formes et couleurs, leurs disséminations musicales, à la Miró, la mémoire du peintre reste infra-langagière. La musique, la musique et la mélodie des gestes, ébranle tout dispositif d’écriture. La chair palpite, baignant dans une émotion palpable, évidente. Cette efficience du son rend béat, ravit.
(musique des couleurs)