Les mots de l’éditeur

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Il y a cela de merveilleux dans la langue, et donc dans l’écriture, c’est que tout est possible. Il y a cela de dangereux c’est que, pour autant que la syntaxe soit respectée, la vérité semble apparaître. Ainsi bien des propos, des essais, des traités et toutes sortes d’autres textes qui paraissent quotidiennement, n’ont aucun sens. Donc je m’en tiens à la poésie qui, comme le roman, peuvent prétendre, sans aucune contestation, à leur propres vérités, l’auteur y est le seul maître de ses choix et ne prétend à rien d’autre, si ce n’est éventuellement de nous y emmener avec lui.*


En créant cette maison d’édition en 2018 nous nous étions donné comme projet de publier plus particulièrement de la littérature et de la poésie contemporaines.

Ce qui me touche dans la forme poétique : l’extrême simplicité, Prévert :  » la Seine a de la chance, elle n’a pas de souci…  » et pourtant par en dessous ce n’est pas si simple, quand on va déplier le signe il y aura un sens plus large, mais en attendant sans rien déplier à la première lecture, celle de la surface est déjà suffisante en elle-même… Et, pour la forme romanesque c’est un peu du même ordre : partir se promener dans la lecture et puis se rendre compte que, finalement, l’air de rien, l’auteur est en train d’écrire quelque chose dont il n’a pas forcément conscience. « Splendeurs et Misères de Courtisanes » de Balzac est probablement le texte qui, pour longtemps, m’a le plus marqué, en attendant Dostoïevski; ensuite, plus tard, viennent Faulkner et Cervantès. Aujourd’hui c’est Murphy, le roman de Samuel Beckett et encore Diderot, avec Jacques le Fataliste, qui est à la fois une leçon d’écriture et une question sur les péripéties de l’existence.*

C’est de façon humble que ce projet se construit, pas à pas, lisant et découvrant des auteurs qui, pour certains, n’ont pas jusqu’ici eu l’occasion de trouver l’espace suffisant pour partager l’expérience qui les anime ou que, pour d’autres, nous prenons plaisir à suivre au fil des publications que nous réalisons.

Depuis, 2018, notre catalogue s’est étoffé et diversifié. La création des cahiers [appareil] ont permis d’intégrer d’autres propositions combinant parfois – mais pas toujours – des images aux mots, présentant des ensembles photographiques ou graphiques et ouvrant la porte, notamment à l’écriture théâtrale.

La revue margelles, débutée sous une forme purement numérique, est aujourd’hui, également imprimée et s’attache toujours à consacrer de larges plages d’expression à ses contributeurs autant qu’à offrir à ses lecteurs une diversité de paroles et de regards. Quoiqu’existant au format papier, cette revue continue néanmoins d’être accessible (gratuitement) depuis notre site.

Un nouveau format, Le trombone, exclusivement numérique et lui aussi gratuit, propose sur des formats courts de donner à lire des textes et de découvrir des images qui n’ont pas encore trouvé leur forme définitive pour une publication papier.

Enfin, l’envie de ne pas se limiter au seul espace littéraire francophone nous a conduit, aujourd’hui, à imaginer et préparer une collection de textes venus d’ailleurs (Dialogues), traduits et présentés en version bilingue.

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*Propos de Bruno Guattari)