Adèle Nègre est poète et photographe, elle vit et travaille en Haute-Saône.
L’écriture d’Adèle Nègre prend naissance dans des carnets qu’elle tient à jour et qui suivent peu ou prou les cycles des saisons, les observations faites depuis le bureau où elle travaille, mais aussi dans les gestes du quotidien. Il ne s’agit pas de poèmes assemblés en un recueil, cherchant à reconstruire un récit, mais une coupe dans un seul texte que le regard attentif de l’éditeur a ici retenu. L’écriture d’Adèle Nègre est du même ordre que les photographies qu’elle réalise par ailleurs, en cela qu’elle ne cherche pas la forme particulière, exemplaire, mais qu’elle s’attache bien davantage aux jeux d’enchaînements, aux échos, qui constituent un déroulé sensible de son rapport au monde. Mais que l’on ne s’y trompe pas, il n’y a aucun naturalisme dans ses jardins visités, pas plus qu’il n’y aurait un simple constat dans ses prises de vues, plutôt une réalité mise à l’épreuve des mots et des images. Il s’agit sans doute d’une activité d’épuisement non pas des choses mais des gestes et formes du langage.
Extrait de Suite milan (à Canale)
Il y avait un geai sous le figuier
son armure métallique brille dans l’attente.
Dans la rue les chiens trapus ces cursinus
au pelage marbré rêvent tout haut sous les voitures,
enchaînés. Le belvédère à ocres balustres
m’évoque un théâtre. Tout pense et respire, William.
Bien voir est-ce une question de point de vue ?
Le chemin vieux est pris dans les ronciers.
Ombre noire des mûriers à l’arôme de figue
et d’urine qu’il faut contourner.
C’est que les temps ne sont jamais sûrs et
les savoirs enlierrés, le mécompte cuisant.
Extrait de Un seul poème
Un corps à consentir
à l’image – des images
toujours, s’il en est – chorégraphique
du poirier et
de la toiture intriqués.
L’échelle courbe vers celui qui
concave cueille
à des degrés divers
tout entier dans son geste
sa main
Extrait de Résolu par le feu
Tu te dresses avec le feu
tu prononces des noms liés aux racines
le dessin expansif de tes vaisseaux
irrigue jusqu’aux doigts
et croît avec la couleur
entre deux feux tu resserres tes os
ton pas boit la neige expulse l’air
et glace
Revues
17secondes n°8, 10.2016
Babel heureuse n°1, Gwen Catalá Éditeur, 03.2017
Babel heureuse n°3, Gwen Catalá Éditeur, 06.2018
Ce qui reste, Pour P., 04.2019
margelles n°2 (été 2020)
margelles n°3 (automne 2020)
margelles n°4 (hiver 2020)
margelles n°6 (été 2021)
margelles n°9 (printemps 2022)
margelles n°10 (été 2022)
margelles n°11 (automne 2021)
margelles n°13 (printemps 2023)
margelles n°16 (hiver 2023)
Revue L’Étrangère n°59 (10.2023)
<le trombone>
Pas de côté (< le trombone > n°2 – 03.2023)
Causseries (<le trombone> n°8 – 12.2023)
Livres
La robe, pré # carré 99, 03.2018
Résolu par le feu, Bruno Guattari Éditeur, 02.2018
Un seul poème, Bruno Guattari Éditeur, 09.2020
Observations, (photographie), Collection cahiers [appareil], Bruno Guattari Éditeur, 09.2021
Interférences, (photographie), Collection cahiers [appareil], Bruno Guattari Éditeur, 09.2021
Métamorphoses, (photographie), Collection cahiers [appareil], Bruno Guattari Éditeur, 01.2023
Suite milan (à Canale), poème, Bruno Guattari Éditeur, 12.2023
Avec
Le grand Rassemblement, accompagnement photographique d’un texte d’Emmanuel Merle, Éditions Jacques André, 06.2017
Anthologies / Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux, Éditions la passe du vent, 03.2018
Hortus conclusus, accompagné de dessins d’Anna Agostini, Collection cahiers [appareil], Bruno Guattari Éditeur, 04.2020
L’œil du cheval, accompagnement photographique du texte de Martine Gärtner, Collection cahiers [appareil], Bruno Guattari Éditeur, 06.2020