Stéphane Bernard né en 1972 et vit à Saint-Nazaire.
Il a publié des textes dans diverses revues : «N 4728», «Diérèse», «Les États Civils», «Verso», «Magnapoets», «Mauvaise Graine», «PLI», «Rue Saint Ambroise», «Ce qui reste», «Recours au poème», «A l’index», «Terre à ciel», «Dissonances», «Métèque», «Realpoetik», «Fibrillations», «margelles». Un recueil de poèmes, Combattant varié, est paru aux éditions Aux Cailloux des Chemins, en 2020.
« Comment s’appartenir quand l’ermite en soi brûle au lieu de méditer ? », par cette question qui sourd entre les mots, Sole povero nous laisse entrevoir que Stéphane Bernard est peut-être le poète des empreintes empêchées. Du poème au récit, tout à la fois lieux de mémoire, scènes de genre et questionnements métaphysiques, cette écriture révèle lentement ses nuances pour dire les échappées du réel, en soi et hors de soi. Elle est un « cap au bout du geste » qui panse les brûlures de la chair et de l’âme. Une telle écriture, qu’elle crache ou qu’elle ravale, résonne longtemps dans l’esprit du lecteur après qu’il a refermé le recueil.
Extrait de Sole povero
Anatomie d’une grève
Au long de l’aine de la roche,
saturée des longues herbes
qu’elle fait elle-même croître
une petite source sans bruit
suinte, goutte dans son vert
comme une aisselle suante.
Une pierre ronde par terre
fait saillie, presque prie-Dieu,
dos d’orque. J’y agenouille
mon cul dont l’âme psalmodie
le monde dans une ombre
de frai au pied des canicules,
qui de bleu d’azur, de paresse,
du caillou, et de la bête visible
et de l’invisible, du cyprès, du pin,
de l’algue, du genêt maquillent
un dieu doux qui nous materne.